Soutenance de thèse en Anthropologie de l’Eau / Priscilla Thébaux

L’accès à une eau courante et potable par le robinet du domicile semble une évidence pour beaucoup d’entre nous. Il existe pourtant bien des situations contrastées. Priscilla Thébaux s’est intéressée pendant sa thèse à la situation de la commune fluviale de Saint-Georges de l’Oyapock, à la frontière du Brésil. Elle a réalisé depuis 2019 un travail original pour comprendre les déterminants des usages de l’eau, au delà de la seule question de l’accès au réseau des opérateurs. Elle présentera publiquement son travail à Cayenne et en visio-conférence en soutenant le 22 décembre sa thèse intitulée « Quelles appropriations pratiques et symboliques de l’universalisation de l’accès à l’eau ? Ethnographie des manières d’accéder à l’eau dans la commune de Saint-Georges de l’Oyapock ».

Financée par l’Agence régionale de Santé, préparée avec le soutien technique de l’Observatoire Hommes-Milieux Oyapock au sein du Laboratoire Écologie, Environnement, Interactions des Systèmes Amazoniens (LEEISA) à Cayenne, réalisée sous la co-direction d’Agathe Euzen et Damien Davy, la thèse sera discutée par le jury suivant :

  • Agnès CLERC-RENAUD, Anthropologue, Professeure à l’Université de Guyane, examinatrice
  • Damien DAVY, Anthropologue, Ingénieur de recherche au CNRS, co-directeur
  • Agathe EUZEN, Anthropologue, Directrice de recherche au CNRS, directrice
    Matthieu NOUCHER, Géographe, Chargé de recherche au CNRS, examinateur
  • Sébastien VELUT, Géographe, Professeur à l’Université Sorbonne Nouvelle, rapporteur
  • Fabienne WATEAU, Anthropologue, Directrice de recherche au CNRS, rapportrice
Résumé 

À l’échelle mondiale, l’accès à l’eau constitue désormais un enjeu de développement durable, à partir duquel est progressivement établie une définition universelle. Mais que signifie avoir ou ne pas avoir accès à l’eau ?

Le regard anthropologique permet de poser la question des significations derrière le simple fait d’être raccordé à un réseau technique. À partir d’une approche territoriale, cette thèse interroge les transformations en cours des manières d’accéder à l’eau des habitants de Saint-Georges de l’Oyapock, commune de l’Est guyanais, où cohabite une population multiculturelle.

Les données ethnographiques recueillies auprès de cent soixante-deux personnes (usagers et professionnels) montrent la présence de deux systèmes sociotechniques principaux qui se développent en parallèle : le réseau collectif et public et le puits individuel et privatif. Loin de s’opposer, les différents modes d’approvisionnement (réseau, puits, forages, récupération d’eau de pluie, cours d’eau) se combinent pour permettre aux usagers d’accéder à une eau plurielle.

L’ensemble de ces interactions participent à la fabrique d’un socio-hydrosystème singulier qui interroge les dynamiques globales de modernisation de l’accès à l’eau. Comment s’articulent-elles avec les relations eau-société à l’œuvre localement ?

Nous observons une redéfinition de l’accès à l’eau moderne tel qu’envisagé à l’échelle globale : les critères de potabilité sont remis en cause par la définition de critères alternatifs et l’accès à la santé apparait parfois moins prioritaire que la recherche d’un certain confort matériel comme réponse à l’amélioration individuelle des modes de vie.

Face à ce constat, nous pouvons nous demander : l’eau fait-elle encore société ?

Si la notion de service public porte en elle les valeurs de solidarité entre usagers, la seule introduction du réseau public et collectif dans leur quotidien ne suffit pas à garantir l’appropriation de cette notion par les habitants d’un territoire. L’ensemble de ces données nous invite à penser le rapport à l’eau développé sur ce territoire comme des cultures singulières dont l’articulation avec la culture du service public et collectif reste encore à construire.

Mots-clés

Accès à l’eau, appropriation, Guyane française, modernisation, pratiques, puits, représentations, réseau, service public, universalisation.

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+ 3 minutes pour comprendre : vidéo de présentation de la thèse lors des journées annuelles 2022 du LabEx CEBA

Accès à l’eau potable par un puits creusé en Guyane

Finale régionale MT180

Suivez en Direct la finale régionale ma thèse en 180 secondes. 4 candidats concourent pour accéder à la demi-finale régionale.
Ils auront 3 minutes et pas une seconde de plus pour vous partager plusieurs années de travaux. Un défis contre la montre : présenter sa thèse et convaincre le jury, le public et les internautes en peu de temps.

Vivez l’événement en ligne !

Les doctorants vous attendent. Venez les encourager et élire le prix du public. Vous pourrez suivre le concours en direct via la page Facebook de l’UG ou celle de Guyane la1ère. Pour voter inscrivez-vous dés maintenant.

+ Voir l’info sur ce site
+ Info sur la finale régionale de MT180 sur le site de l’UG

Michael Rapinski soutient le 6 octobre sa thèse sur l’ethnobiologie et l’ethnomédecine.

Titre de la thèse : «Ethnobiologie et ethnomédecine des Peuples premiers d’Amérique (Cris d’Eeyou Istchee, Parikwene et Pekuakamilnuatsh): l’impact de l’alimentation et des médecines locales sur la santé et le bien-être des diabétiques».

Résumé : Les Peuples autochtones à travers le monde sont disproportionnellement touchés par le diabète. Parmi ces peuples, les Cris d’Eeyou Istchee et les Pekuakamilnuatsh, au Québec (Canada), ainsi que les Parikwene, en Guyane française (France), recourent à leur médecine locale pour soigner cette maladie. En 173 entrevues semi-dirigées, 208 participants venant de ces communautés et/ou travaillant dans leurs services de santé ont décrit ces médecines. Une méthode de recherche mixte, combinant des analyses thématiques à des statistiques multivariées, est développée pour analyser ces descriptions.

Ces analyses ont montré que les participants cris, ilnu et parikwene décrivent leurs médecines en lien avec le diabète tant par les différents éléments du monde naturel, que les pratiques et coutumes locales qui en découlent, que les concepts les liant au territoire. Les pharmacopées à base animales et végétales font parties des thèmes les plus discutés. Plus de 381 espèces (109 animaux, 267 plantes, cinq lichens et champignons) lient les systèmes médicinales et alimentaires ensemble via des notions associées au bien-être ou aux propriétés organoleptiques. Au Québec, là où la population autochtone est plus impliquée dans les services de santé, il existe un rapprochement de la description des médecines locales entre le secteur de la santé et ses usagers.

De façon générale, la place de l’alimentation dans les médecines locales ne peut être négligée dans le contexte du diabète. De plus, ces médecines sont indissociables du territoire qui offre un espace de guérison, de subsistance, et de continuité culturelle. Cela renvoie, in fine, à des questions importantes sur la reconnaissance des droits autochtones et des droits fonciers.

Cadre de la thèse : La thèse est inscrite en spécialité sciences de la vie et de la sante. Elle a été encadrée par Alain Cuerrier, botaniste, chercheur au Jardin botanique de Montréal et professeur à l’université de Montréal, et Damien Davy, anthropologuqe, ingénieur de recherche au LEEISA, directeur de l’Observatoire Homme-Milieu Oyapock.

Date et lieu de soutenance : La thèse sera soutenue de mercredi 6 octobre à 12h. heure de Cayenne, en visio-conférence à l’amphithéâtre A de l’Université de Guyane, depuis le Centre de la biodiversité de l’Université de Montréal.

+ d’info : Michael Rapinski avait participé au Concours Ma thèse en 180 secondes en 2018 en Guyane, et emporté de prix dujury. Voir ici sa prestation.